Arts divinatoiresLa cartomancie

Histoire de cartes

L’origine des cartes est floue et s’apparente parfois aux mythes et légendes, mais il est communément admis qu’elle est à chercher dans l’inde millénaire et la chine antique.

Les plus anciennes cartes connues dites « papier monnaie » seraient d’origines chinoise, apparues durant la dynastie Tang (618-907), et sembleraient avoir été développées à partir d’anciens dés provenant d’Inde, et de digressions de dominos.

La plus vieille carte chinoise retrouvée par Albert von Le Coq à Tourfan dans la région autonome ouighoure du Xinjiang en Chine date d’environ 1400.

Cartes à jouer dynastie Ming vers 1400

Cependant, un ensemble de 47 cartes Mamelouk a été découvert par Léo Mayer au palais de Topkapi à Istanbul en 1938 datant d’environ 1400 mais ayant permis d’identifier des fragments de jeux datés du XII° ou XIII° siècle. Ce jeu comprenant 4 honneurs et 10 cartes à points par couleur et un supposé joker pourraient être le précurseur direct des cartes Européennes. Les Honneurs portaient le nom de malik (Roi), na’ib malik (vice-roi), thani na’ib (second) et ahad al-arkan (assistant), ce qui ne manque pas de rappeler les « naïbis » d’Arménie et d’Italie, les « naipes » ou carte à jouer Espagnole également.

L’on raconte que c’est en suivant la route de la soie que des voyageurs commerçants rapportèrent avec eux l’ancêtre des cartes à jouer jusqu’en Arménie. Utilisés par les enfants arméniens les cartes auraient été introduites en Italie lors des invasions Mamelouk en Arménie (à l’époque Cilicie) au XII° et XIV° siècle et la dispersion des Arméniens. Les enfants arméniens auraient appris aux petits italiens à jouer avec ces naïbis.

En 1254 encore, un édit de Saint-Louis interdisait plusieurs jeux de hasard, mais sans mentionner les cartes. Au Moyen Age, ni la littérature religieuse, ni les œuvres des moralistes, des troubadours ou des romanciers n’en parlent. Les sermons connus des prédicateurs fustigent la frivolité des échecs, du trictrac et des dés seulement. Jusqu’en 1369, Charles V défend de jouer « aux billes, aux boules et aux quilles » mais ne mentionne pas les cartes…

En revanche, à partir de 1370, quelques documents, explicites et certains attestent l’existence des cartes à jouer, notamment un arrêt de la prévôté de Paris défendant de jouer en semaine aux « paumes, boules, cartes, dés, et quilles ».

Elles sont mentionnées en Catalogne 1371 dans le « Diccionari de rims » de Jaume March, puis en Italie dans un décret du 23 mars 1375 des Prieurs de Florence visant à combattre les mauvaises mœurs, et défendant aux gens, « ludus qui vocatur naibbe » le jeu jeu appelé naibbe.

L’année suivante, une ordonnance pour interdiction de parier ou de jouer aux jeux de cartes sera émise par la ville de Florence par 98 votes contre 25 afin de règlementer un certain jeu appelé « naibbe », en 1377 à Sienne (Italie) et à Bale (Suisse), en 1378 à Ratisbonne (Allemagne).

En 1379 c’est à Viterbe (Italie) que sera consignée la plus ancienne et incontestable mention de la présence de cartes à jouer sur le sol Européen : « Année 1379. Il fut apporté en Viterbe le jeu des cartes qui est venu de Saracino et qu’ils appellent entre eux Naïb. ».

 C’est donc en 1379 dans les chroniques de la ville de Viterbe (Italie) que fut confirmé l’introduction d’un jeu de cartes qui vient du pays des Sarrazins (à cette époque désignant les peuples musulmans méditerranéens composé d’Arabes et de Maures), appelé « nayb » ou « Hayl ».

Ce sont probablement les enfants arméniens qui apprirent aux enfants italiens à jouer aux naïbi comme l’atteste à Florence, en 1393, Giovanni Morelli, qui recommande « d’éviter les jeux de hasard comme les dés et d’imiter plutôt les enfants qui jouent aux osselets, à la toupie et aux naïbes (naïbi) ».

L’on supposera que l’Italie s’inspirera des jeux arrivés d’Arménie et de ceux apportés par les sarrazins pour composer différentes versions de cartes à jouer.

En 1381, dans les anciennes minutes d’un notaire Marseillais, Laurent Aycardi, un acte daté du 30 Août établit d’une manière irréfutable que ; « dès cette année, le jeu de carte était considéré comme plaie pour la jeunesse, on nombre des jeux interdit sont nommés les dés (aloe taxilli), les cartes (nahipi), les échecs (scaqui) et le palet (paletum). Le notaire dresse acte des conventions, Jacques Jean, souscrit à l’engagement qu’on exige de lui (ne pas jouer aux cartes lors de son voyage pour Alexandrie) et promet de payer pour chaque infraction, quinze florins à chacun de ses amis et les cinq autres applicables au curage du port de Marseille.

En 1382 dans un registre aux Ordonnances politiques du magistrat de Lille on trouve l’arrêté suivant ; « de non juez as dez, as taules (jeu de dames), as quartes, ne à nul autre gieu ». (Archives de l’hôtel de vill de Lille).

D’autres citations de la fin du XIV° siècle viennent conforter l’idée que les cartes à jouer étaient bien présente en France et peut être même dès 1337 où dans les Satuts de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, parmi les jeux défendus aux religieux ; « Folio lusoria ni fallo ludus ad paginas nostris » « Quod nulla persona audeat nec praesumal ludere ad taxillos nec ad Paginas nec ad eyssuchum » dont Ducage voit dans le mot Paginae l’ancien nom du jeu de cartes.

Le tarot dit de Charles VI (désigné à tort « Tarot Gringonneur »). Jaquemin Gringonneur était un peintre parisien de la fin du XIV° siècle, qui aurait selon une mention d’un compte de l’argenterie du Roi Charles VI publiée à posteriori en 1704 par le père jésuite Claude-François Ménestrier, dont l’archive originale à disparue et donc non vérifiable, peint « 3 jeux de cartes à or et diverses couleurs, de plusieurs devises pour porter devers le dit seigneur pour son esbattement LVI sols parisis » pour le roi.

Il semblerait plutôt que ce tarot soit un travail Italien du milieu du XV° siècle approximativement daté de 1460, très proche du Tarot dit de Sforza-Visconti.

Le Tarot Sforza-Visconti est l’un des plus anciens tarot connus et presque complet (74 cartes sur 78) connu à l’époque sous le nom de « trionfi » et daté du milieu du XV° siècle.

Pour fêter les 10 ans du mariage de Francesco Sforza et Bianca Maria Visconti célébré le 25 octobre 1441, Francesco Sforza demanda en 1451 au célèbre artiste Bonifacio Bembo de créer un jeu de cartes en l’honneur de leur anniversaire.

Bien que le tarot des Visconti-Sforza ait probablement été utilisé comme outil de divination dès sa création, il servait avant tout à jouer au « triomphe », l’ancêtre du Bridge. Le mot « Trump » signifiant atout en anglais est d’ailleurs dérivé du terme italien.

Le tarot de Mantegna attribué à Andréa Mantegna ou au Florentin Baccio Baldini dans la deuxième moitié du XV° siècle, est composé de cinq séries de 10 cartes ; les Hommes, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus et les Sphères.

L’on considère en outre que c’est après la conquête de Milan par Louis XII Roi de France en 1499, que le « Triomphe » servit de modèle au tarot Français « Tarot de Marseille » dont le plus ancien exemplaire est celui de Catelin Geoffroy datant de 1557 et originaire de Lyon.

Le minchiate est lui originaire de Florence et daterait du début du XVI° siècle.

La plus ancienne référence connue au mot minchiate provient d’une lettre de 1466 écrite par Luigi Pulci à Laurent de Médicis. On pense cependant qu’à l’époque ce terme désignait le tarot normal, joué avec un paquet de 78 cartes, comme on peut le voir avec les feuilles Rosenwald de la National Gallery of Art de Washington, des feuilles de tarot florentin non découpées datant vers 1500.

Le minchiate sera décliné dans le reste de l’Italie, en France et en Autriche.

On peut également citer l’un des plus anciens tarots complet retrouvés à ce jour, le tarot « Sola Busca » de Nicola di Maestro Antonio d’Ancona, aurait été peint entre 1465 et 1511 et ait conservé à la Pinacoteca di Brera de Milan.

En France (en 1534), Rabelais, dans son programme d’éducation, proposait de jouer aux cartes « afin d’ouvrir l’intelligence à l’arithmétique ».

En tout état de cause il est donc bien difficile de savoir avec certitude le chemin emprunté par toutes ces cartes et dans quel ordre durant leur évolution.

Quelques incohérences :

La plus ancienne carte de papier-monnaie chinoise conservée n’est pas antérieure à 1400. 

Aucune mention n’est faite dans les Mille et une Nuits de jeux de cartes Maures ou Mamelouks.

Les tarots comportent nettement plus de personnages et de cartes que les échecs ce qui contredirait la thèse selon laquelle les cartes en seraient un dérivé. 

Les tarots les plus anciens ont été retrouvés en Italie, en France et en Turquie.

Les enseignes allemandes n’étant pas celles des plus anciens tarot, les cartes à jouer pourraient y avoir été inventées.

Les Bohémiens ne venaient pas d’Égypte, mais de Petite Égypte, une région de Grèce, ce qui renforce l’hypothèse Arménienne, même si aucune mention n’est faite des Tarots dans la littérature ancienne bohémienne.

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