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La radiesthésie des origines à nos jours

La radiesthésie

Officialisé en 1922 avant d’être admis en 1930, le terme “radiesthésie” formé à partir de “radius” (rayon en latin) et du grec “aisthêsis” (sensibilité) est dû entre autre à l’ abbés Alexis-Timothée Bouly(1865-1958), qui défini la radiesthésie comme “la croyance en des facultés sensibles permettant de découvrir ce qui est caché aux facultés normales, à l’aide d’un pendule ou d’une baguette”.

L’apparition tardive du terme n’en définit pas pour autant une pratique récente. L’utilisation de la baguette serait millénaire, notamment en Égypte où des magiciens Chaldéens auraient pratiqué l’art de la divination par la baguette  ou dans la Grèce et la Rome antique l’utilisant également à des fins divinatoires, époque à laquelle on prêtait au bâton la propriété de médiateur des puissances occultes et divines comme Moïse et son bâton dans la Bible.

Au XVe siècle, les écrits d’alchimistes allemands attestent de l’utilisation de baguette pour la recherche de métaux ou de source souterraine, technique alors nommée “rhabdomancie” issue du Grec “rahbdos” (baguette) et de “manteia” (divination).

Dans un ouvrage alchimique du XIVe, XVe ou XVIe siècle, le supposé chanoine du couvent  bénédictin Saint-Pierre d’Erfurt Basile Valentin (1394-1450), ou plus probablement Johann Thölde (1565-1624) qui aurait utilisé ce pseudonyme, rapporte que certains ouvriers mineurs de l’époque portaient la baguette à leur ceinture ou chapeau.

Dans son “Re Rebus Metallicis” (Des choses métalliques ou De la métallurgie), le savant Georgius Agricola (1494-1555), condamne l’usage de la baguette dans la recherche de métaux alors d’écrivains et philosophes de son époque sont convaincus par les vertus de la divination par la baguette, dont Andreas Libavius (1550-1610) dans son “Alchimia” en 1597.

Le XVIIe siècle verra la pratique de la radiesthésie au coeur de l’affaire Beausoleil, avec le Baron de Beausoleil Jean du Chastelet (1578-1645), minéralogiste, et son épouse Martine de Bertereau (1590-1642) également minéralogiste. Tous deux parcourent une grande partie de l’Europe à la recherche de mines et de gisements à exploiter et sont à l’origine du renouveau minier de l’époque en France. Leur méthodes seront malheureusement décrites comme douteuses et relevant de la magie et de la sorcellerie, ce qui leur vaudra la perquisition de leur domicile en 1627 et la saisie de bijoux, minerais, papiers et autres affaires personnelles et finalement après avoir été malgré tout innocenté, ils seront incarcérés à la Bastille pour lui et au château de Vincennes pour elle où ils mourront respectivement en 1645 et 1642.

Nous en garderons la référence à la baguette divinatoire qu’exhibait la Baronne de Beau-soleil, faite dans son livre “Véritable déclaration de la descouverte des mines et minières de France”.

C’est le paysan du Dauphiné Jacques Aymar-Vernay (1657-1707) surtout connu pour ses talents de sourcier et sa capacité à résoudre les énigmes à l’aide de sa baguette de coudrier (noisetier) qui rendit ses lettres de noblesse à la rhabdomancie avant d’être lui aussi qualifié d’imposteur par le prince Henri de Bourbon-Condé

En 1693 dans “La physique occulte ou traité de la baguette divinatoire et son utilité pour la découverte  des sources d’eau des minières des trésors cachés”, l’abbé de Vallemont (Pierre de Lorrain de Vallemont 1659-1721), explique ce phénomène par une manifestation d’une force analogue au magnétisme où des corpuscules semblables aux aimants seraient libérés au moment ou les meurtriers commettent leurs forfaits puis détectés. 

Et le pendule dans tout cela?

Le pape Jean XXII condamne en 1326; “l’utilisation d’un anneau accroché à un fil pour obtenir des réponses à la manière du diable”, est révélateur d’une pratique bien plus ancienne que les mots créés pour elle.

Des techniques similaires sont citées en 1662 par le Père Jésuite D. Schott dans son “Physica Curiosa”, en 1678 par le Père Jésuite A. Kirsher dans son “Mondo Subterranea” puis lors d’expériences effectuées par le naturaliste Alberto Fortis (1741-1803) , le chimiste Johann Wilhelm Ritter (1776-1810) ou le professeur de la faculté de médecine de Strasbourg A.C. Gerboin qui publia en 1908 un ouvrage décrivant les réactions du pendule dans différentes situations comme : “la faculté organo-electrique de l’homme”. C’est lui qui popularise l’utilisation du pendule.

Les expériences du chimiste Eugène Chevreul à partir de 1810 concluront que “on ne peut détecter par le pendule explorateur que ce que l’on voit ou l’on sait avoir détecté” sans pour autant exclure définitivement l’existence du phénomène radiesthésique.

Cependant, comment ne pas parler d’Alfred Bovis né à Nice le 12 Janvier 1871 qui dû arrêter ses études à la mort de son père, alors qu’il n’avait que 16 ans afin de reprendre la quincaillerie familiale. Parallèlement passionné d’aviculture et d’élevage de volailles, il s’intéressa à la radiesthésie et aux travaux de l’abbé Th. Moreux lors de ses recherches d’un procédé qui lui permettrait de connaître à l’avance le sexe des oeufs mis en couveuse, c’est d’ailleurs lui qui inventa le premier modèle de couveuse à air chaud. Il se rendit compte que chaque corps émettait des radiations et utilisa le pendule pour déceler les œufs fécondés avec une réussite, dit-on, de 90%. C’est cette étude des radiations qui sera à l’origine d’un cadran s’appuyant sur le spectre solaire, juste avant son décès. Le cadran et l’échelle de Bovis sont aujourd’hui reconnus et utilisés par tous les radiesthésistes.

La radiesthésie pratiquée aujourd’hui touche des domaines divers comme la géobiologie, la sourcellerie bien sûr, pour la recherche de personnes disparues ou en radionique (action à distance par les ondes dans un but thérapeutique), mais aussi comme art divinatoire.

Comme nombre de pseudo-sciences, elle est autant décriée qu’adulée.