Chamanisme et néo-chamanisme
Chamanisme et néo-chamanisme
Le chamanisme et les chamans ou « sorciers guérisseurs » sont présents des temps les plus reculés à nos jours, mêlant la communication avec les esprits et de multiples pratiques de guérison issues de transes.
On trouve des chamans dans de nombreuses traditions et peuples de tous les continents, Amazonie, Steppes Mongols, Turcs, Népal et hauts plateaux tibétains, Corée, Japon, Scandinavie, savane d’Afrique, Amérique, bush australien…
Une France chamane, préceltique nommée « terre des quatre vents » correspondrait à la civilisation des mégalithes (menhirs, pierres dressées, dolmens…) entre 4500 et 2500 av JC.
Citons les traditions de « la voie de l’ocre rouge » ou dessins des cavernes datant parfois de -35000 av JC semble également faire référence à des pratiques occultes comme l’homme en érection couché près d’un bison et d’un bâton à tête d’oiseau dans « la grotte des trois frères » (Montesquieu-Avantès/Ariège/Pyrénées).
Le (la) chaman(e) est la personne reconnue par sa tribu, son groupe, comme un guérisseur (euse), prêtre, devin, qui concentre les savoirs ancestraux et qui fait le lien entre le monde des vivants et celui des esprits ou monde d’en haut et monde d’en bas, également capable de communiquer avec les esprits de la nature.
Pour les Chipibos d’Amazonie, il existe trois sortes de chamanes : celui qui connaît l’usage des plantes, de la terre et de l’eau, celui qui connaît la façon de gérer la magie et le mage qui, lui, sait voyager d’un endroit à un autre, non seulement en esprit mais avec tout son corps.
L’édition du livre de l’historien des religions Mircea Eliade (1907-1986), Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, Paris, Payot, « Bibliothèque scientifique », 1950 ; 2e édition revue et augmentée, 1968 ; « Payothèque », 1978 marque le retour du chamanisme en France pourtant abordé dès le XVIIe siècle dans les récits des voyageurs et entré dans la langue Française en 1842.
Le mot « chaman » (Saman) apparaît également en 1672 dans l’autobiographie du russe Avvakoum Petrovitch archiprêtre de la cathédrale de Kazan.
L’origine du terme est vaste puisqu’il pourrait être relié au russe « chaman » (prêtre, médecin, magicien), venant d’anciennes langues Toungouse (Sibérie) « Saman » étant un mot de la langue « evenki » signifiant danser, bondir, remuer, s’agiter ou chez les manchou, celui qui sait, pourtant partout dans le monde des mots proches désigne sensiblement la même pratique comme le sanscrit « Sramana » désignant des moines aux pratiques particulièrement ascétiques ou le palî « Samâna ».
Chamanisme et dérives :
Depuis l’année 2005, la Miviludes a attiré l’attention des pouvoirs publics et de la population sur les dangers liés au néo-chamanisme que l’on peut dater de 1968 avec l’apparition des romans initiatiques de Carlos castaneda notamment, et plus particulièrement sur l’usage de substances dangereuses comme l’ayahuasca ou l’iboga pouvant favoriser la mise sous emprise des personnes participant à des stages pseudo-chamaniques.
Après quelques jours de stages dits chamaniques, certains n’hésitent pas à s’improviser chamanes et à proposer d’emblée leurs services à des individus souvent désorientés ou en détresse.
Il a été rapporté qu’en Inde, 75% des patients traités en psychiatrie consultaient un guérisseur religieux.
En Corée du sud, 15 à 25% des patients psychotiques étaient traités avec des thérapies chamaniques.
Les plantes à éviter :
• L’ayahuasca, peut se révéler particulièrement violente : un douloureux « voyage » sur soi-même (avec vomissements, convulsions physiques, profonde détresse mentale…), même lorsque cette substance est absorbée dans de « bonnes » conditions sous la surveillance d’un chaman expérimenté. Cette plante hallucinogène n’entraînerait « pas de descente comme d’autre produit stupéfiant et ne créerait pas de dépendance physiologique ». La plante continuant à agir de manière diffuse peut engendrer un état de sérénité et de tranquillité inhabituel… Attention cependant au retour à la réalité. Attention aux pratiques proche du narco tourisme.
• L’iboga, certains lui attribue des vertus thérapeutiques ou médicales « miraculeux », il est pourtant impératif d’être vigilant sur le risque de dépendance psychologique, si ce n’est physiologique. Ces produits sont des drogues, ce ne sont en aucun cas des médicaments ou des substituts fiables faisant l’économie de thérapies ou psychothérapies traditionnelles comme on le présente trop souvent pour attirer le « client » dans le piège.
• Le Datura ou datura stramonium à fait l’objet d’un évènement récent et tragique datant de novembre 2009 et rapporté par Le Parisien (pages Yvelines) le 6 janvier 2010, mettant en lumière la dangerosité de cette plante, utilisée dans certaines sociétés pour provoquer des hallucinations et des transes dans le cadre de cérémonies religieuses.
Une variété de datura dont les fleurs sont toxiques, aurait causé d’importants dégâts chez un jeune homme en bonne santé qui, alors qu’il travaillait pour la commune dans le cadre d’un emploi d’insertion, aurait récupéré quelques graines de cette plante qui agrémentait les espaces verts. Il en ingéra sous forme de tisane lors d’une soirée entre amis. Ce jeune homme a présenté par la suite de graves troubles du comportement lorsqu’il fut retrouvé après une disparition de quelques jours. Sans doute atteint de lésions irréversibles, il fut interné dans un hôpital psychiatrique.
Le maire de la commune s’est engagé à interdire la plantation de daturas dans les massifs de la ville et il a saisi les pouvoirs publics afin qu’une plante qui n’était considérée que comme psychotrope auparavant, soit désormais classée comme une plante toxique. Il pose la question du classement de cette plante comme produit stupéfiant, comme ont pu l’être l’iboga et l’ayahuasca il y a quelques années.
• La sauge des devins ou salvia divinorum est une autre plante qui ne figure pas encore comme produit stupéfiant mais qui en a tous les effets et qui est utilisée lors de rituels de type chamanique ou néo-chamanique.
Cependant, l’espoir que suscitent ou promettent parfois certains « guérisseurs » peuvent être considérés comme abus de faiblesse et puni par la loi.
La naïveté, la fébrilité voire la faiblesse dont peut faire preuve toute personne en souffrance, en désespérance doit être prise en compte dans la décision d’apporter son aide et la proposition de soins.
La médecine traditionnelle et ce malgré certaines dérives (scandales), reste à ce jour le moyen le plus sûr, éclairé et légal d’avoir une vision de son état de santé et de la cohérence des soins qui vous sont proposés par les différents promoteurs de bien-être.
Comment trouver un bon chamane?
La chose n’est pas aisée, en effet un bon chamane est celui qui a reçu une initiation complète, soit plusieurs dizaines d’années mais la mention nominative des chamanes initiateurs est à apprécier.
Rares sont ceux qui peuvent s’en prévaloir et sont donc fier de leur mentor!
Soyez attentif au discours, à l’abus de folklore, l’habit ne fait pas le chamane ni même le tambour ainsi qu’aux propositions d’utilisation des plantes précitées.
Enfin, l’énergie, la bienveillance et la vie personnelle du chamane doivent être lumineuse, harmonieuse et à votre écoute. Ce n’est pas parceque l’initiation est douloureuse et parfois sombre, qu’il n’est pas revenu dans la lumière.
Enfin, il ne vous demandera jamais des sommes d’argent indécentes et hors de vos moyens, ni ne vous conseillera d’arrêter votre traitement médical, ni ne vous promettra de guérison miraculeuse.
Bien au contraire, ses connaissances le pousseront à adapter sa pratique à votre cas personnel en prenant en considération votre cheminement avec le respect de vos croyances, de vos habitudes, de votre mode de vie et des lois de votre pays.